Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/82

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lady Burlington ; je suis toute disposée à vous chanter une chanson.

Il n’en demandait pas plus, son amour-propre avait satisfaction.

En faisant la part du manque d’éducation première et aussi du mépris de ce qu’il considérait comme des futilités et hypocrisies mondaines, ces fantaisies, d’un goût douteux, ne sont pas seulement d’un humoriste effréné, il faut y voir les réflexes d’une susceptibilité et d’un orgueil maladifs ; « l’aigreur de la colère amassée et du dédain engorgé », a-t-on dit, en expliquant qu’il éprouvait comme une volupté à user de cette ironie — justicière à son avis, — à s’abandonner sans retenue à cette manie d’humilier, de déchirer, d’outrager.



POPE
(Collection de l’auteur)

C’était une revanche du temps où, déjà conscient de sa valeur, il était condamné à subsister des maigres aumônes de sa famille ; et aussi de ces années de servage qu’il avait vécues auprès de sir William Temple comme secrétaire, relégué à la table des domestiques, obligé de subir sans broncher les familiarités et les propos grossiers de la valetaille[1]. Vingt années durant il avait dû se

  1. Ne serait-ce pas en souvenir de ces années de servitude qu’il composa ce satirique Traité sur les domestiques, où sa verve caustique se donne libre cours ; en voici un aperçu :
    « … Quand vous achetez pour votre maître, prône-t-il entre autres conseils, ne marchandez jamais ; c’est lui faire hon-