Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/89

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sait tous les jours à lady Barkeley une lecture morale et religieuse.

La comtesse s’était prise d’une belle passion pour les méditations de Boyle ; elle demanda au doyen de les lui lire. Pour se débarrasser de cette tâche importune, qu’imagina celui-ci ? Il rédigea, de sa propre main, une méditation sur ce thème : « Certainement, l’homme est un balai » ; il plaça cet étrange sermon dans le livre de Boyle et quand, le lendemain, il fut prié de commencer sa lecture accoutumée, Swift se mit à lire sa fantaisiste élucubration.

Sa tâche quotidienne terminée, Swift se retirait gravement, laissant lady Barkeley dans le ravissement. Aux premiers visiteurs qui se présentèrent chez elle, elle ne se tint pas de poser cette question : « Avez-vous lu les méditations de Boyle ? » La plupart des personnes présentes lui répondirent affirmativement. « Il en est une entre toutes, reprend lady, qui est véritablement délicieuse. — Laquelle ? s’empresse-t-on de demander. — La “Méditation sur le balai”. »

Tout le monde confessa son ignorance ; nul ne connaissait l’œuvre de Boyle portant ce titre. Alors la comtesse tendant ingénument, non sans un secret orgueil, le livre dans lequel le doyen venait de lui faire la lecture, qu’y trouve-t-on ? La méditation en question, mais tout entière de la main de notre