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Page:Cabanès - Marat inconnu, 1891.djvu/208

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MARAT INCONNU

Alors, pour déjouer ces complots, 11 passe en Hollande, revient à Londres par le nord de l’Angleterre, et visite en passant les Sociétés auxquelles il avait fait cadeau de son livre.

Il séjourne trois semaines à Carlisle, à Berwick, et à Newcastle. A l’entendre, ce fut une tournée triomphale. Trois de ces Sociétés lui envoyèrent des lettres d’affiliation dans une boîte d’or que les émissaires ministériels interceptèrent, « Celles de Newcastle, en particulier, n’ayant pas voulu souffrir qu’il supportât seul les frais de l’édition, la lui remboursèrent exactement, après en avoir fait une nouvelle qu’elles répandirent dans les trois royaumes ; après l’avoir fêté chacune à son tour, et lui avoir décerné la couronne civique (1) ».

Son triomphe eût été complet, s’il avait cessé d’être en butte aux tracasseries officielles. On parvint à étouffer l’ouvrage jusqu’à ce que les élections fussent terminées. Les fonds secrets furent même largement mis à contribution, si l’on s’en rapporte à cet aveu de Marat : « J’ai appris quelques années après d’un membre du département, dont je soignais la santé, que le ministre avait dépensé plus de huit mille guinées pour empêcher la publication de mon livre avant la fin des élections ! »…

(1) Notice en tête des Chaînes de l’Esclavage, p. 10.