Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/120

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de la morale : la saine raison ne peut les chercher ailleurs.

Les lois de la morale découlent des rapports mutuels et nécessaires des hommes en société, ces rapports de leurs besoins. Leurs besoins peuvent, même sans nous écarter des idées reçues, se diviser en deux classes ; en physiques et moraux.

Il n’y a point de doute que les besoins physiques ne dépendent immédiatement de l’organisation : mais les besoins moraux n’en dépendent-ils pas également, quoique d’une manière moins directe, ou moins sensible ?

L’homme, par la raison qu’il est doué de la faculté de sentir, jouit aussi de celle de distinguer et de comparer ses sensations. On ne distingue les sensations, qu’en leur attachant des signes qui les représentent et les caractérisent : on ne les compare, qu’en représentant et caractérisant également par des signes, ou leurs rapports, ou leurs différences. Voilà ce qui fait dire à Condillac qu’on ne pense point sans le secours des langues, et que les langues sont des méthodes analytiques : mais il faut ici donner au mot langue, le sens le plus étendu. Pour que la proposition de Condillac soit parfaitement