Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/122

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l’usage des signes étoit de fixer les sensations et les pensées. Ils les retracent, et par conséquent ils les rappellent : c’est là-dessus qu’est fondé l’artifice de la mémoire, dont la force et la netteté tiennent toujours à l’attention avec laquelle nous avons senti, à l’ordre que nous avons mis dans la manière de nous rendre compte des opérations de nos sens, ou dans cette suite de comparaisons et de jugemens qu’on appelle les opérations de l’esprit.

Les signes rappellent donc les sensations ; ils nous font sentir de nouveau. Il en est qui restent, pour ainsi dire, cachés dans l’intérieur, ils sont pour l’individu lui seul. Il en est qui se manifestent au dehors ; ils lui servent à communiquer avec autrui. Parmi ces derniers, ceux qui sont communs à toute la nature vivante, par exemple, ceux du

    Appelle-t-on la sensation perçue, idée ? alors il est évident que les idées sont bien antérieures à tout signe : mais ne regarde-t-on comme idée, que la perception des rapports qui peuvent se trouver entre deux, ou plusieurs sensations ? le jugement qu’on en porte n’étant perçu que par le moyen d’un signe artificiel, il est évident que, suivant cette manière de voir, sans signes il n’y auroit point d’idées.