Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/135

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ou s’il existoit, dans les parties qui composent les corps vivans, une autre propriété distincte, et même indépendante, à certains égards, de la première. Ceux qui soutiennent l’affirmative de la seconde proposition, à la tête desquels on doit placer le célèbre Haller, qui en a fait, pour ainsi dire, son patrimoine, désignent cette propriété particulière sous le nom d’irritabilité. C’est en vertu des impressions transmises par les nerfs aux parties musculaires, ou reçues immédiatement par celles-ci, que l’irritabilité se manifeste : mais comme elle subsiste encore quelque temps après la mort, ces physiologistes nient qu’elle puisse dépendre de la sensibilité, qui, suivant leur opinion, est détruite au même instant que la vie de l’individu.

Les autres, et l’on peut compter parmi eux plusieurs hommes de génie, objectent que la sensibilité subsiste dans les asphyxies, les léthargies, les apoplexies, en un mot dans les syncopes de tout genre, quoiqu’elle ne se manifeste alors par aucun acte précis qui la constate, quoiqu’elle ne laisse après elle aucune trace, aucun souvenir qui la confirme. Ils ajoutent qu’entre l’état d’un noyé qui revient à la vie, et l’état de celui