Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/159

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que le rideau semble se lever tout-à-coup aux yeux de ces êtres incertains et étonnés ; que leur âme reçoit en foule tous les sentimens et toutes les pensées relatives à une passion, l’affaire principale de leur vie, l’arbitre de leur destinée, et dont elles répandent quelquefois sur la nôtre, le charme ou les douleurs.

Quelle est la cause de tous ces grands changemens ? S’est-il fait des changemens analogues ou proportionnels dans les extrémités sentantes des nerfs ? Ces extrémités, où sont reçues les impressions des objets externes, ont-elles éprouvé par eux de profondes modifications ? Non sans doute. Il ne s’est rien passé que dans l’intérieur. Un système d’organes, uni par de nombreux rapports à tous ceux de l’abdomen, et qui s’est fait remarquer à peine depuis la naissance, sort, pour ainsi dire, tout-à-coup de son engourdissement. Déjà sa sensibilité particulière, obscure jusqu’alors, se montre toute développée : les opérations cachées dans sa structure délicate, ont retenti de toutes parts : son influence s’est fait sentir aux parties qui lui paroissent le plus étrangères : en un mot, par lui seul, tout a changé de face : et si les sensations