Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/178

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progrès de la vie se montre, dans certaines circonstances particulières, sous un jour qui le rend encore plus digne de remarque. Souvent l’animal essaie de se servir d’une partie, avant qu’elle ait atteint le degré de croissance nécessaire, quelquefois même avant qu’elle existe. Les petits oiseaux agitent leurs ailes privées de plumes, et couvertes à peine d’un léger duvet : et l’on ne peut pas dire qu’ils ne font en cela que suivre les leçons, ou l’exemple de leurs mères ; car ceux qu’on fait éclore par des moyens artificiels, manifestent le même instinct. Les chevreaux et les agneaux cherchent à frapper, en se jouant, des cornes qu’ils n’ont pas encore : c’est ce que les anciens, grands observateurs de la nature, avaient remarqué soigneusement, et ce qu’ils ont retracé dans des tableaux pleins de grace.

Mais de tous ces penchans, qu’on ne peut rapporter aux leçons du jugement et de l’habitude, l’instinct maternel n’est-il pas le plus fort, le plus dominant ? À quelle puissance faut-il attribuer ces mouvemens d’une nature sublime dans son but et dans ses moyens, mouvemens qui ne sont pas moins irrésistibles, qui le sont peut-être même encore