Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/219

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sance de ces illusions. Tout le monde connoît, du moins par ouï-dire, les histoires de plusieurs d’entre eux, qui croyoient fermement avoir des jambes de verre, ou de paille, ou n’avoir point de tête, ou qui soutenoient que leur corps renfermoit d’immenses amas d’eaux, capables d’inonder tout un pays, s’ils se permettoient d’uriner, &c. À des visions si ridicules, sur lesquelles ils ne formoient pas plus de doute que sur les vérités les plus constantes, ils joignoient souvent un sens droit et des opinions justes sur différens autres objets : quelques-uns même étoient capables, pendant ce temps, d’exécuter des travaux fort ingénieux. C’est au milieu des accès de la plus terrible hypocondriasie, que Swammerdam faisoit ses plus brillantes recherches. Mais, s’étant mis dans la tête que Dieu pouvoit s’offenser d’un examen si curieux de ses œuvres, il commença par renoncer à poursuivre de très-belles expériences sur les injections, dont il avoit eu l’idée long-temps avant Ruisch, et dont il avoit même déjà perfectionné beaucoup la méthode : et, dans un paroxysme plus violent, il finit par livrer aux flammes une grande partie de ses manuscrits.