Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/280

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directe pour l’ouïe et pour la vue. Quand on a long-temps entendu les mêmes sons, ce n’est pas dans la mémoire proprement dite, c’est dans l’oreille qu’ils restent, ou se renouvellent, et souvent d’une manière fort importune. Quand on a fixé les regards pendant quelques minutes sur des corps lumineux, si l’on ferme l’œil, leur image ne s’en efface pas tout de suite ; elle y reste même quelquefois, un temps plus long que la durée de l’impression réelle. Mais ses couleurs vont s’affoiblissant de moment en moment, jusqu’à ce que l’image se perde entièrement dans l’obscurité. J’ai souvent fait cette expérience sur une fenêtre vivement éclairée par le soleil : je fixois les compartimens de ses carreaux pendant quelques minutes, et je fermois ensuite les yeux. La trace des impressions duroit ordinairement, à peu près le double du temps qu’avoient duré les impressions elles-mêmes. Ce n’est point ici le lieu de tirer de ce fait toutes ses conséquences : mais il est aisé de sentir qu’elles peuvent avoir beaucoup d’importance et d’étendue[1].

  1. Ces souvenirs de l’oreille peuvent se renouveler plusieurs fois, même après les interruptions du som-