Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/33

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doivent toutes, à la longue, recevoir leur application.

C’est au moment où l’esprit humain est dans cet état de travail et de paisible fermentation, qu’il devient plus facile, et qu’il est aussi plus important de donner une base solide aux sciences morales. Les chocs révolutionnaires ne sont point, comme quelques personnes semblent le croire, occasionnés par le libre développement des idées : ils ont toujours, au contraire, été le produit inévitable des vains obstacles qu’on lui oppose imprudemment ; du défaut d’accord entre la marche des affaires et celle de l’opinion, entre les institutions sociales et l’état des esprits. Plus les hommes sont généralement éclairés et sages ; et plus ils redoutent ces secousses : ils savent, comme le dit Pascal, que la violence et la vérité sont deux puissances qui n’ont aucune action l’une sur l’autre ; que la vérité ne gouverne point la violence, et que