Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/415

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ces travaux de l’esprit, qui ne peuvent s’exécuter sans des méditations longues et profondes : elle choisit ceux qui demandent plus de tact que de science, plus de vivacité de conception que de force, plus d’imagination que de raisonnement ; ceux dans lesquels il suffit qu’un talent facile enlève, pour ainsi dire, légèrement la superficie des objets.

Elle doit se réserver aussi cette partie de la philosophie morale, qui porte directement sur l’observation du cœur humain et de la société. Car vainement l’art du monde couvre-t-il, et les individus, et leurs passions, de son voile uniforme : la sagacité de la femme y démêle facilement chaque trait et chaque nuance. L’intérêt continuel d’observer les hommes et ses rivales, donne à cette espèce d’instinct, une promptitude et une sûreté que le jugement du plus sage philosophe ne sauroit jamais acquérir. S’il est permis de parler ainsi, son œil entend toutes les paroles, son oreille voit tous les mouvemens ; et, par le comble de l’art, elle sait presque toujours faire disparoître cette continuelle observation sous l’apparence de l’étourderie ou d’un timide embarras.

Que si le mauvais destin des femmes, ou