Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/449

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offre de plus excellent, les véritables biens qu’elle-même nous y a préparés.

Le cœur humain est un champ vaste, inépuisable dans sa fécondité, mais que de fausses cultures semblent avoir rendu stérile ; ou plutôt ce champ est, en quelque sorte, encore tout neuf. On ignore encore quelle foule de fruits heureux on le verroit bientôt produire, si l’on revenoit tout de bon à la raison, c’est-à-dire, à la nature. En interrogeant avec réflexion et docilité, cet oracle, le seul véridique, en réformant, d’après ses leçons fidelles, les institutions politiques et morales, on verroit bientôt éclore un nouvel univers. Et qu’on se garde bien de craindre avec quelques esprits bornés, qu’ennemie des illusions et de leurs vaines jouissances, la saine morale puisse jamais, en les dissipant, nuire au véritable bonheur. Non, non : c’est, au contraire, à la raison seule qu’il appartient non-seulement de le fixer, mais encore d’en multiplier pour nous les moyens ; de l’étendre, aussi bien que de l’épurer et de le perfectionner chaque jour davantage. Sans doute, à mesure que l’art d’exister avec soi-même et avec les autres, cet art si nécessaire à la vie, mais