Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/56

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regardés comme un simple prélude aux actes de la véritable vie animale, dont il ne jouit, à proprement parler, que lorsque l’ouvrage de sa nutrition s’accomplit en entier dans lui-même : mais ces mouvemens tiennent aux mêmes principes ; ils s’exécutent suivant les mêmes lois. Exposés à l’action continuelle des objets extérieurs, portant en nous les causes d’impressions non moins efficaces, nous sommes d’abord déterminés à agir sans nous être rendu compte des moyens que nous mettons en usage, sans nous être même fait une idée précise du but que nous voulons atteindre. Ce n’est qu’après des essais réitérés, que nous comparons, que nous jugeons, que nous faisons des choix. Cette marche est celle de la nature ; elle se retrouve par-tout. Nous commençons par agir ; ensuite nous soumettons à des règles nos motifs d’action : la dernière chose qui nous occupe est l’étude de nos facultés et de la manière dont elles s’exercent.

Ainsi, les hommes avoient exécuté beaucoup d’ouvrages ingénieux, avant de savoir se tracer des règles pour en exécuter de semblables, c’est-à-dire, avant d’avoir créé l’art qui s’y rapporte : ils avoient fait servir à leurs