Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/615

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extrémités, quelque vives qu’elles soient du reste, le malade les supporte, non seulement avec patience, mais même avec une espèce de contentement intérieur. Sa gaîté revient ; ses idées acquièrent un degré de vigueur et de lucidité remarquables : et la nature, comme nous l’avons fait observer ailleurs, semble jouir avec triomphe de sa victoire sur le mal.

Dans la gangrène, au contraire, après avoir essayé d’inutiles efforts, la nature paroît se résigner avec calme, mais d’une manière sombre : et si de nouvelles tentatives ne séparent pas enfin le vif du mort, le sujet expire tranquillement, mais avec une expression funste dans tous les traits.

Il arrive quelquefois alors, une chose qu’on observe aussi dans les fièvres aiguës les plus graves ; c’est que la vie se concentre sur l’un des organes principaux ; comme, par exemple, sur le cerveau, sur l’estomac, &c. Si la concentration se dirige vers l’estomac, il peut survenir une faim extraordinaire, qui, jointe aux autres signes dangereux, annonce que la mort est assurée et prochaine. Si l’effet se porte sur le cerveau, les idées prennent un caractère d’élévation, et le lan-