Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/79

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et ses créations métaphysiques, portent, il faut en convenir, un tout autre caractère que celles de ses prédécesseurs. C’est à lui qu’on doit la première analyse complète et régulière du raisonnement. Il entreprit d’en déterminer les procédés par des formules mécaniques en quelque sorte : et s’il était remonté jusqu’à la formation des signes[1], s’il avoit connu leur influence sur celle même des idées, peut-être auroit-il laissé peu de chose à faire à ses successeurs.

La manière heureuse et profonde dont il traça les règles de l’éloquence, de la poésie et des beaux arts en général, devoit donner beaucoup de poids à sa philosophie rationnelle : on en voyoit l’application faite à des objets où tout le monde pouvoit juger et sentir leur justesse. Il était difficile de ne pas s’apercevoir que, si l’artiste produit ce que le philosophe voudroit en vain répéter, le philosophe découvre souvent dans les travaux de l’artiste, ce que celui-ci n’y soupçonne pas. L’Histoire des animaux, dont Buffon lui-même n’a point fait oublier les admirables peintures, nous dévoile le secret de

  1. Au reste, il n’auroit pu expliquer la formation des signes, sans remonter à celle même des idées.