Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/106

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qu’il le produise, sans le concours des esprits ardens, auxquels les grands buveurs finissent presque toujours par recourir, quand le vin n’agit plus assez vivement sur leur palais et sur leur cerveau. J’ai connu beaucoup de vieillards qui, toute leur vie, avaient usé largement du vin, et qui, dans l’âge le plus avancé, conservoient encore toute la force de leur esprit, et presque toute celle de leur corps. Peut-être même les pays où le vin est assez commun, pour faire partie du régime journalier, sont-ils ceux où, proportion gardée, on trouve le plus d’octogénaires et de nonagénaires actifs, vigoureux et jouissant pleinement de la vie.

Quoique les différentes espèces de vins aient toutes des effets très-analogues, leur manière d’agir sur l’estomac et sur le système nerveux, présente cependant des nuances et des modifications dignes de remarque. Pour en concevoir la cause, il suffit d’observer : 1°. que les différens vins ne contiennent pas la même quantité proportionnelle d’esprit, de matière extractive et de fluide aqueux ; 2°. que le principe fermentescible s’y trouve inégalement développé, ou altéré ;