Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/120

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sances, on ne comptera plus ceux qui pourront se procurer ces doux fruits de l’industrie humaine ; on comptera plutôt ceux qui ne le pourront pas ; et cette amélioration elle-même réagira sur les productions ultérieures du génie et sur ses nobles travaux.

Dans le dernier siècle, la grande découverte de la circulation du sang vint jeter une vive lumière sur plusieurs phénomènes de l’économie animale ; mais elle fit éclore en même temps plusieurs théories absurdes de médecine. On ne fut plus occupé que des moyens de tenir le sang assez fluide pour le faire pénétrer facilement dans les petits vaisseaux, et les vaisseaux assez souples et assez libres, pour qu’ils fussent toujours disposés à le recevoir. De-là, cet effrayant abus des saignées[1] et des boissons tièdes relâchantes, que quelques praticiens ordonnoient avec

  1. Le piémontais Botal, médecin de Henri iii, avoit déjà donné beaucoup de vogue à la saignée, long-temps avant que la doctrine de la circulation fût admise dans les écoles : mais on ne se mit à verser des flots de sang, d’une manière vraiment systématique, que lorsqu’on eut rapporté presque toutes les maladies à son épaississement et à l’obstruction des vaisseaux.