Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/285

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des impressions reçues, ne s’en ressentît pas. Il est bien certain que le climat influe sur l’état habituel et sur les dispositions des organes de la voix : or, ces dispositions et cet état pourroient-ils ne pas influer à leur tour, sur le choix des sons, et le choix des sons sur le caractère général du langage ? Aussi, n’a-t-on pas manqué d’observer des traits d’analogie entre les langues et le climat des nations qui les parlent : on a vu, ou l’on a cru voir que certains sons, certains accens, certaines aspirations, et les proportions différentes entre le nombre des consonnes et celui des voyelles, peuvent servir à distinguer les langues propres aux différentes latitudes, ou plutôt aux différentes circonstances physiques, prises toutes dans leur ensemble, et considérées dans les cas où leur influence doit avoir le plus d’intensité. Madame de Staël a même essayé de tracer, dans un ouvrage plein d’idées profondes et de vues neuves, la ligne de démarcation entre la littérature du Nord et celle du Midi, qu’elle regarde comme formant les deux grandes divisions de toute littérature connue : et quoiqu’on puisse ne pas être de son avis dans la préférence qu’elle donne à celle