Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/421

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Du moment que nous supposons dans un être, des sensations, des penchans, un moi, pour peu que cet être excite notre attention, il ne peut plus nous rester indifférent. Ou la sympathie nous attire vers lui, ou l’antipathie nous en écarte ; ou nous nous associons à son existence, ou elle devient pour nous, un sujet d’effroi, de repoussement, de haine et de colère. Il est aussi naturel, pour tout être sensible, de tendre vers ceux qu’il suppose sentir comme lui, de s’identifier avec eux, ou de fuir leur présence et de haïr leur idée, que de rechercher les sensations de plaisir et d’éviter celles de douleur.

Sans doute, ces dispositions, aussi-tôt qu’elles commencent à s’élever au-dessus du pur instinct, c’est-à-dire, aussi-tôt qu’elles cessent d’être de simples attractions animales, ou des déterminations relatives à la conservation de l’individu, à sa nutrition, au développement et à l’emploi de ses organes naissans ; ces dispositions se rapportent dès-lors, aux avantages que nous pouvons retirer des autres êtres, aux actes que nous devons en attendre ou en redouter, aux intentions que nous leur supposons à notre égard, à l’action que nous espérons