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Du Sommeil et du Délire.
§. i.

Ce fut Cullen qui, le premier, reconnut des rapports constans et déterminés entre les songes et le délire ; ce fut sur-tout lui qui, le premier, fit voir qu’au début, et pendant toute la durée du sommeil, les divers organes peuvent ne s’assoupir que successivement, ou d’une manière très-inégale, et que l’excitation partielle des points du cerveau qui leur correspondent, en troublant l’harmonie de ses fonctions, doit alors produire des images irrégulières et confuses, qui n’ont aucun fondement dans la réalité des objets. Or, tel est, sans doute, le caractère du délire proprement dit. Mais, faute d’un examen plus détaillé des sensations, ou de la manière dont elles se forment, et de l’influence qu’ont les diverses impressions internes sur celles qui nous arrivent du dehors, l’idée de Cullen est restée extrêmement incomplète : quoique juste au fond, elle ne pourroit être défendue contre une longue suite de faits, qui prouvent que souvent le délire et les songes tiennent à des causes très-différentes de celles