Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/493

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de beautés qu’elle déploie sans cesse à nos yeux, qu’elle verse autour de nous avec une si sage profusion !

Mais, quelque charme qu’on éprouve dans cette admiration contemplative, et dans les vagues rêveries qui l’accompagnent, on doit toujours craindre de s’y livrer sans réserve. Quand elles ne sont point soumises au jugement, ces impressions que fait sur nous, l’aspect des merveilles de la nature, ne sont pas seulement stériles ; elles peuvent encore faire prendre à l’esprit des habitudes vicieuses, et nous donner de très-fausses idées de nous-mêmes et de l’univers.

Si donc, l’on écarte ces premières émotions, et si l’on pénètre plus avant, il est aisé de voir que l’ordre actuel n’est pas, à la vérité, le seul possible ; mais qu’un ordre quelconque est nécessaire dans toute hypothèse d’une masse de matière en mouvement. En effet, quand on n’y supposeroit que des parties incohérentes, ou sans rapports, et des mouvemens désordonnés, ou même contraires les uns aux autres, le mouvement prédominant, ou celui qui devient tel par le concours de plusieurs, doit bientôt les asservir, les coordonner tous ; et les par-