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relation


chissant au temps que nous étions restés dans ce pays, ainsi qu’aux dangers et aux maux que nous avons éprouvés, peut se faire une idée de la joie que nous en ressentîmes. Le soir je priai un de mes compagnons d’aller à la recherche des chrétiens qui s’éloignaient du pays que nous quittions. Chacun d’eux refusa de le faire, disant que c’était trop fatigant et trop dangereux ; ils pouvaient cependant s’acquitter mieux que moi de cette commission, puisqu’ils étaient plus vigoureux et plus jeunes. Voyant leur mauvaise volonté, le lendemain matin je pris avec moi le nègre et onze Indiens, je suivis les traces des chrétiens, et je traversai trois villages où ils avaient dormi. Je fis dix lieues ce jour-là. Le lendemain je rencontrai quatre chrétiens à cheval qui furent tout stupéfaits de me voir vêtu d’une manière si étrange et au milieu de ces Indiens. Ils me regardèrent pendant longtemps avec tant d’étonnement qu’ils ne proféraient aucune parole. Je leur dis de me