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relation

Quand nous eûmes congédié les Indiens, ils nous dirent qu’ils nous obéiraient, qu’ils établiraient leurs villages, si les chrétiens les laissaient faire, et je proteste que, s’ils ne l’ont pas fait, c’est la faute de ces derniers. Après que nous eûmes renvoyé les Indiens tranquillisés, en les remerciant du mal qu’ils s’étaient donné pour nous, les chrétiens nous envoyèrent en état d’arrestation auprès d’un alcade nommé Zebreros, et de deux autres individus. Ces gens nous emmenèrent dans des forêts et dans des déserts, afin de nous éloigner de tout rapport avec les Indiens, et pour que nous ne pussions ni voir ni entendre ce qu’ils feraient eux-mèmes. Cela doit faire connaître combien l’espérance est trompeuse : nous allions chercher la liberté, et au moment d’en jouir tout le contraire arrive. Leur dessein était de courir après les Indiens que nous venions de congédier tranquilles et sans frayeur ; ce qu’ils firent pendant deux jours. Ils nous menèrent dans les montagnes,