Page:Cadiot - Jeanne de Mauguet.djvu/263

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je suis à la discrétion de cette femme, qui me le fait cruellement sentir.

Madame de Mauguet sortit sans répondre. Tout ce qu’elle put faire, ce fut de dissimuler son trouble et sa colère. Elle rentra dans la chambre de Jeanne, et se mit à pleurer de honte et de douleur.

— Qu’avez-vous, Marguerite ? lui dit son mari, en s’approchant d’elle et d’une voix attendrie. Pierre va mieux. Voyez ! le docteur n’attend plus qu’un dernier indice pour proclamer qu’il est sauvé !

Elle eut un frisson et balbutia quelques paroles vagues.

— Vous avez été éveillée en sursaut par cette brutale Myon ! La fraîcheur du matin vient de vous saisir, reprit-il en serrant lui-même, autour d’elle, ce châle qui la brûlait comme une robe de Nessus.

Elle se leva, n’y tenant plus, et se dirigea vers le lit de son fils.

— L’enfant est véritablement hors de danger, madame, dit le docteur Margerie ; si vous souffrez, vous pouvez sans remords prendre un peu de repos ; nous sommes tous là pour veiller sur lui.

— Non, répondit-elle enfin, en dévorant ses larmes ; je resterai, quoique, en effet, je sois bien inutile…

— Inutile, Marguerite ! vous ? sa mère ?… le docteur veut dire que nous vous suppléerons en cas de nécessité, s’écria le vicomte en approchant, pour sa femme, auprès du lit de Pierre, un fauteuil de paille, le seul qu’il y eût dans la chambre.