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Page:Cadiot - Jeanne de Mauguet.djvu/39

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— Il faut décidément refuser d’affermer Mauguet à ces prix dérisoires. Il faut trouver et prendre de bons métayers et s’associer avec eux pour améliorer vos domaines. Il faut vous faire fermière de votre bien, enfin, ma chère mademoiselle, et vous y donner tout entière. Sans cela, vous, votre frère et son fils, toute votre famille enfin, vous resterez dans une triste misère et dans une misère sans fin.

— Excellent docteur ! Vous pensiez à mes affaires, à ma fortune en péril, et aux moyens de sauvetage, tandis que nous rêvions au passé ou que nous nous amusions du babil de Myon !

— Ah ! c’est vrai. Je n’ai pas entendu tout cela. Je suis toujours distrait comme autrefois, vous savez ? Plus qu’autrefois même.

— Mais vous pensez à vos amis ou à leur bonheur, et, pendant qu’ils accrochent leur attention à mille détails futiles, vous suivez un raisonnement ou une délibération intérieure… Au bout d’une heure, vous avez pesé le pour et le contre de toutes choses et résolu le problème ; les autres ont oublié même leur point de départ, pour aborder vingt sujets ou tourner à tous les vents de la conversation, comme de vraies girouettes. Voilà ce que vous appelez être distrait !… Nous autres nous ne sommes point distraits. Oh ! non !

— Vous êtes bonne, dit M. Margerie avec un regard heureux. Vous arrangez toujours bien les choses. Au fait, voici ce que j’ai pensé : vos trois domaines