Page:Cadiot - Minuit.pdf/216

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coïncidence de la vision de Kraupt, avec l’état désespéré du baron, lui faisait craindre un accident prévu et redouté en même temps.

Arrivés à la chambre qu’habitait leur mettre, ils ouvrirent doucement la porte pour ne point l’éveiller, s’il dormait. Au moment où Kraupt allait soulever la tapisserie qui formait une seconde porte, il sentit crier quelque chose sous ses pieds. Il se baissa et ramassa machinalement l’objet qu’il avait heurté.

C’était le rameau de buis bénit avec lequel il avait aspergé le spectre de la châtelaine !

Saisi par une invincible terreur, il arrêta d’un geste Thomas Münt, et resta cloué sur ses jambes sans oser faire un mouvement ni en avant, ni en arrière. En vain invoquait-il toute sa raison, tout son courage ; en vain se signait-il en recommandant son âme à Notre-Dame et à tous les saints : rien maintenant ne pouvait plus lui faire croire que son apparition de la nuit précédente était un rêve.

Immobiles de terreur, incertains de ce qu’ils avaient à faire, tous deux restèrent entre la porte et la tapisserie en prêtant l’oreille.

Alors, ils entendirent des pas légers dans la chambre, puis, un choc d’étincelles, comme si quelqu’un, eut frappé les tisons avec les pincettes, puis, le tintement des cuillers remuant les tisanes et les potions dans les gobelets.