Page:Cadiot - Minuit.pdf/270

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que ses doigts palpaient l’étoffe et que ses yeux perçaient les ténèbres : les habits étaient de couleur sombre, il ne pouvait rien distinguer.

Le jour allait venir pourtant !

Alors, par un suprême effort de volonté, il marcha en avant, ferma les yeux, saisit la bougie et revint en courant.

Par un hasard extraordinaire, ses habits étaient peu ou point tachés. Il les retourna précipitamment dans tous les sens, lava avec soin toutes les traces sanglantes, les essuya, les essora, se lava le visage et les cheveux, et, par surcroît de précaution, frotta avec du papier, qu’il brûla ensuite, les gouttes d’eau rougeâtre qui étaient tombées sur le parquet ; puis il souffla sa bougie.

L’obscurité lui rendit du courage. Il osa traverser sa chambre à pas de loup, ouvrir avec mille précautions une fenêtre, sortir enveloppé d’une robe de chambre, et écarter la superficie de la terre fraîchement remuée d’une plate-bande, pour enterrer l’eau sanglante de ses ablutions. Enfin il se coucha.

Quatre heures sonnaient et le jour commençait à poindre ; Manoquet, roulé dans ses draps, cachait sa tête dans ses oreillers et appelait en vain le sommeil. Son imagination, lancée à toutes brides, s’égarait à travers ses souvenirs et ses terreurs. Il était couché sur la cassette du père Mornaix, et la place de sa couche où l’épaisseur de la boite faisait bosse, lui semblait brûlante, — Comment la cacher cette cassette dénoncia-