Page:Cadiot - Minuit.pdf/280

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— Fais-le immédiatement ! sans retard ! reprit-il d’un ton qui ne souffrait pas de réplique.

Madame Manoquet se mit en devoir d’obéir, fort inquiète du dérangement d’esprit de son mari, mais sans essayer aucune autre observation.

Quand la glace fut couverte, Manoquet respira et se mit à arpenter sa chambre de long en large comme un prisonnier qui s’habitue à la liberté ; puis, il acheva de s’habiller, après s’être essuyé la figure et brossé les cheveux.

— Tu as bien compris ce que je t’ai dit, n’est-ce pas ? demanda-t-il à sa femme. Il faut que ce soir, quand je rentrerai, toutes les glaces de la maison soient citées ; celles qui servent à toi et à ta fille devront être ou dissimulées sous un rideau ou mises dans une armoire dès que vous aurez fini votre toilette.

— Oui, mon ami.

— À compter de demain tu feras en sorte d’avoir un barbier qui vienne me raser tous les matins.

— Bien.

— Et surtout pas un mot sur tout ceci… tu chercheras un prétexte… une histoire… tu prendras tout sur toi… C’est pour moi une question de vie ou de mort, tu entends ?

— Sois tranquille, reprit la pauvre femme toute tremblante.

— Maintenant laisse-moi à mes affaires… Les Barbettes seront achetées ce soir !