Page:Cadiot - Minuit.pdf/40

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ils étaient singulièrement forts pour leur âge : — ce qui, guère mieux ne valait I disaient les deux pauvres mères, car ils n’employaient leur force et leur adresse qu’à tordre le cou aux volailles des voisins pour en faire ripaille, à voler des cruchons de bière, et à jouer à jeux de vilains.

Fritz était un grand gaillard à charpente forte et osseuse, à tête déprimée, à jambes torses et presque cagneuses. Une épaisse chevelure rousse lui tombait sur le front et se mêlait aux poils touffus de ses sourcils qui laissaient voir tout juste la prunelle fauve de deux yeux vairons et égarés. Au-dessous de ces yeux un nez en bec d’oiseau de proie surmontait une bouche tordue, à dents entrecroisées, qui achevait de donner au fils de la pauvre Margareth une horrible physionomie.

Hermann, le plus jeune des deux chenapans, était un gros garçon carré par le faîte et par la base, dont la figure était plutôt bestiale que farouche. Sa lourde tête supportée par une forte encolure, était éclairée par deux yeux bleu-faïence et ombragée par une perruque d’étoupes magnifiquement emmêlées. Il avait les joues rebondies et hautes en couleur, les cils et les sourcils blond fade, et les lèvres épaisses. La gourmandise et l’ivrognerie étaient ses vices principaux, et pour un pot de bière et une tranche de lard, il se vendait corps et âme à Fritz le bandit.

À jeun quand il voyait pleurer sa mère et sa petite voisine Ketha, la sœur de Fritz et sa promise à lui,