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— « Est-ce bien toi ? reprenait-elle… As-tu conscience de ce que tu fais ?… Louis…

— « Tu ne m’aimes pas ! » m’écriai-je, sans vouloir en entendre davantage.

Elle retomba brisée sur une chaise, et se mit à fondre en larmes.

— « Adieu donc ! ma belle jeunesse… venue si tard, partie si vite !… »

Elle se redressa, essuya ses yeux et regarda tout autour d’elle, comme si elle avait voulu incruster dans sa mémoire les moindres détails de cette chambre où nous avions été si heureux. Chaque meuble, chaque objet ne nous rappelait-il pas un pur et doux souvenir ? Elle me les montra l’un après l’autre, comme pour évoquer les images de nos belles matinées. Moi, je détournai la tête pour ne pas les voir, de peur de répondre à ce muet appel et de m’attendrir.

Mon cœur était déchiré ; cependant ma volonté tenait bon. Je ne me jetai pas à ses pieds, je ne lui demandai pas pardon ; mais j’osai la regarder fixement de mes yeux allumés par la fièvre du désir.

Alors elle se prit à pleurer plus fort, et je sentis que sa résistance mollissait sous la pression du désespoir.

Elle m’aimait passionnément, je le voyais au tremblement de tous ses membres, à la rougeur de son visage, à l’expression ardente de