Page:Cadiot - Nouvelles.pdf/192

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— Quelle différence !… Ici, ce n’est plus au morceau de matière que je rends une sorte de culte ; c’est à l’objet vénéré par nos pères.

— Croyez-moi, au fond, l’impression vient de la même source. Le génie humain sanctifie, lui aussi, les morceaux de matière qu’il a façonnés, et tel débris qui a représenté le type de la beauté, de la force ou de la grandeur, ne saurait être avili sans profanation…

— Peut-être ; et, si je discute, c’est pour vous donner l’occasion de développer votre pensée. Mais puisque vous aimez la sculpture, vous pourrez voir, dans la ville de Carrare, en descendant de la montagne, des statues, des groupes, des vases taillés par les plus habiles marbriers. Tous les sculpteurs d’Italie, artistes et ouvriers, viennent y travailler. On n’y voit que des ateliers, on n’y entend que la masse frappant sur le ciseau, ou la râpe polissant ce que le ciseau a taillé. En sorte que la population de la ville de Carrare se compose par moitié de statues et de statuaires. L’une active et l’autre passive.

— Commandez la voiture, dit la comtesse, nous allons nous faire conduire à Carrare. Je serai habillée dans une heure. »