Page:Cadiot - Nouvelles.pdf/198

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contraire, vive, gaie, causeuse, presque loquace.

Ainsi elle s’était sentie honteuse d’une émotion involontaire, et elle n’éprouvait aucun remords à la pensée qu’elle gardait dans sa poche une lettre d’amour.

Il est vrai qu’elle se promettait de jeter les vers au feu et de foudroyer le poète d’un regard bien hautain.

Mais alors, pourquoi, tandis qu’elle parlait de mille choses indifférentes, écoutait-elle une voix éloquente et douce qui lui chantait au cœur les premiers vers du sonnet :

« Que béni soit le jour, le mois, l’année, la saison, l’heure et l’instant, le beau pays, l’heureuse rive où ses yeux m’ont pris le cœur ! »

C’est qu’elle était fille d’Ève et qu’elle contemplait avec plaisir le fruit défendu de l’amour ; et, tout en ne voulant pas y mordre, elle le trouvait beau, appétissant, parfumé.

Elle se disait : « Cette rencontre sera un petit roman dans ma vie si monotone… Lorsque bientôt je serai de retour à Paris et revenue à mes occupations et à mes devoirs, je rêverai à cette apparition rapide et séduisante… »