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— Nous devions être à Paris le 15 du mois, reprit la pauvre femme avec un effort.

— Il est bien fâcheux de passer si près des plus belles villes de l’Italie sans les voir ; vous ne connaissez pas Pise : c’eût été, d’ici, un voyage de deux jours, en comptant l’aller et le retour.

— Ah !

— Et Florence ! Comment n’avez-vous pas envie de voir Florence ? vous si artiste par vos goûts ! Je pensais tout à l’heure que nous pourrions faire marché avec un voiturin qui nous mènerait à Florence. — Ne trouvez-vous pas charmant de voyager en voiturin ? — Nous verrions Sienne, Pistoie, Lucques…, et nous pourrions revenir par Modène, Mantoue et Milan. »

Mme de Morelay accueillit avec empressement l’idée d’aller à Florence. Partir pour Florence ou pour Paris, c’était toujours quitter ce dangereux pays de la Spezzia, que sa conscience lui criait de fuir ; et l’idée de voir la patrie de Dante et de Michel-Ange lui offrait une diversion toute puissante, tandis qu’elle avait senti comme un deuil lui prendre le cœur à la pensée de revenir tout simplement, tout prosaïquement, à Paris, et d’y reprendre cette chaîne sociale dont les habitudes mornes, les tiraillements intimes, les évolutions régulières, sont comme les anneaux.