Page:Cadiot - Nouvelles.pdf/209

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

enchanteur. Elle voulait en faire le cadre splendide de son amour d’un jour.

Les accidents des montagnes, les poétiques ombrages des vallées, les anses abritées, où la mer, transparente jusqu’au fond, formait comme des baignoires mystérieuses, les plages gazonnées sur lesquelles venaient mollement s’échouer les vagues, lui faisaient comme des points de repère qui devaient lui servir un jour à reconstruire, par la pensée, ce décor du bonheur.

Et, loin de repousser les pensées dangereuses, elle les accueillait…, elle les caressait…

« Je pars demain, qu’importe ! » se disait-elle.

Ils arrivèrent. La Spezzia parut alors à la comtesse un coin du paradis oublié sur la terre. C’est là qu’elle l’avait vu… Sur cette promenade, elle avait croisé son regard avec le regard amoureux du jeune poète… Le long de ce chemin il avait marché près d’elle… ; enfin, au pied de cette fenêtre, la nuit, il avait chanté…

« Reviendra-t-il chanter ce soir ? se demanda-t-elle ; s’il n’allait pas revenir ?… » Mais une voix secrète lui répondit : « Il reviendra !… » Et la pauvre affolée se dit : « Je l’écouterai donc, cette fois. Je pars demain. Qu’importe ?… »