Page:Cadiot - Nouvelles.pdf/211

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de vives lumières. C’est pourquoi elle ne voulut pas porter de chapeau ce jour-là, s’autorisant de la liberté grande que prennent partout les voyageurs. Son ombrelle à franges, que l’on penchait ou élevait à volonté pour varier les jeux de l’ombre et de la lumière, devait lui suffire pendant que le soleil éclairerait l’horizon ; et, après, elle jetterait sur sa tête sa man tille en capuchon.

Avant de partir, comme elle se mira ! Elle voulait être belle de toute sa beauté pour cette soirée…, cette soirée unique !

« Ah ! qu’il garde de moi un radieux souvenir ! » se disait-elle.

Elle aurait voulu hâter l’heure de la promenade et craignait, en même temps, de l’entendre sonner. C’était l’heure où elle espérait le revoir… Mais aussi chaque minute qui s’écoulait et la rapprochait de cette heure la rapprochait en même temps du moment du départ !…

Chose étrange ! La colère éveillée par l’audace du jeune homme, audace qui lui avait semblé sur le moment presque grossière, cette colère naturelle et légitime était totalement éteinte… ; Mme de Morelay ne songeait qu’à le revoir…

« Je vais partir…, qu’importe !… »

C’était là le refrain de toutes ses pensées, l’excuse de toutes ses faiblesses.