Page:Cadiot - Nouvelles.pdf/213

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ombres… « Il ne viendra pas ! » se dit-elle avec un soudain effroi qui lui glaça le cœur.

Alors, un mortel regret la prit d’avoir exigé ce départ. Elle en voulut au comte, parce qu’il était la cause indirecte des scrupules de sa conscience. L’idée que maintenant elle se trouvait forcée de partir le lendemain, de s’arracher à la Spezzia, la mettait au désespoir. Elle se reprochait aussi ce mouvement de fierté, plus fort que la passion, qui, le matin, l’avait fait s’enfuir au bras de son mari et lancer à l’audacieux un regard de colère.

Plus le temps passait, et plus son angoisse devenait violente…, plus son fol amour devenait coupable. En ce moment, elle se sentait prête à encourager cet amant si dédaigneusement traité la veille et le matin.

« Je l’aurai convaincu de mon mépris… Je l’aurai blessé sans retour, se dit-elle. Je me serai moi-même arraché cette soirée, si belle, que je me promettais… »

Elle ressentait alors une rage d’autant plus violente qu’elle était forcée de la contenir ; enfin, elle se promit que, s’il ne venait pas ce soir-là, elle se dirait malade le lendemain pour ne pas partir ; car elle voulait le revoir une fois…, échanger avec lui un regard avant de s’enfuir… pour toujours.