Et déjà, en le cherchant des yeux, elle le distinguait à peine parmi les arbres et sous les grandes ombres qu’ils projetaient.
Comme elle descendait sur la place, il reparut à côté d’elle, tendant une branche de laurier-rose…
En cet instant justement, deux jeunes mendiants se précipitèrent au-devant du comte en criant leur psalmodie de misère ; il quitta le bras de sa femme et chercha quelque monnaie pour les satisfaire.
Alors, d’un mouvement rapide, la comtesse tendit la main et saisit la branche.
« Votre nom ? dit-elle d’une voix si émue et si basse que le jeune homme devina plutôt qu’il n’entendit.
— Pietro. »
Elle prit le bras de son mari et s’enfuit, serrant les fleurs de laurier-rose comme un trésor…
Ils arrivèrent à l’hôtel, la porte se referma. Mais alors la comtesse n’était plus triste ; désormais sa vie aurait au moins un beau jour.
C’est ce qu’elle avait souhaité de toute son ardeur. Maintenant elle se résignait au départ, elle le sentait nécessaire ; car, après cette scène d’une minute, il fallait quitter la Spezzia et ne plus se trouver en présence d’un homme qui pouvait tout oser.