Page:Cadiot - Nouvelles.pdf/236

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villas qui échelonnent leurs terrasses et enclavent, sous les arbres de leurs jardins, un golfe en miniature ; aux villas succédèrent bientôt de pauvres maisons de pêcheurs…, puis des rochers nus et sombres…, des rochers de ce marbre rouge veiné de jaune, que nous appelons portor. Ils descendent à pic dans des flots si purs, qu’on peut suivre les veines du marbre à plusieurs brasses de profondeur. L’eau n’a depuis le commencement des siècles ni rongé, ni terni le marbre. Çà et là, des blocs dorment dans la mer et forment comme des récifs.

On eût dit que la barque était fée, tant elle savait se frayer sa route sans heurter un écueil…

Le soleil, près de disparaître à l’horizon, rasait la mer et la dorait de ses rayons enflammés.

Il fallait songer au retour. Mais la comtesse ne pouvait se décider à rappeler sa raison obscurcie et dire à son batelier : « Retournons à la Spezzia ! »

N’était-ce pas se dire à elle-même : « Allons ! assez de rêveries séduisantes et coupables !… reviens à ton devoir…, à la froide chambre d’hôtel, à tes malles bouclées pour le départ…, au voiturin qui t’emmènera demain… »

Le cap fut doublé comme le jour baissait. Une végétation splendide succéda aux rochers, et la barque approcha du rivage, vers une anse abritée sous les lauriers-roses.

Au moment d’aborder, la comtesse releva