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étouffant le bruit de ses pas, et se glissa dans sa chambre comme une coupable…

Sa camériste veillait en l’attendant.

« Ah ! s’écria-t-elle, nous avons été bien inquiets de Madame ! »

À l’aspect de cette fille, fidèle à son poste, et qui surprenait ainsi son furtif retour, la comtesse ressentit un trouble profond. Elle devint pâle d’abord, puis pourpre.

« Inquiets ? et de quoi ? pourquoi ? Faut-il donc que je m’astreigne à rentrer a une certaine heure…, que je rende des comptes ?…

— Pardon, madame !… Mais nous craignions que quelque accident…

— Je ne vous avais pas dit de m’attendre ! » reprit la comtesse avec un accent altier que la femme de chambre ne lui connaissait pas encore, et qui contrastait infiniment avec le ton de causerie que la grande dame avait pris quelques heures auparavant.

C’est que la comtesse, comme beaucoup de femmes orgueilleuses, devint, tout à coup, d’autant plus hautaine avec ses inférieurs, qu’elle se sentait plus humiliée devant elle-même.

La pauvre femme de chambre sortit. Mme de Morelay se jeta dans un fauteuil, cacha son visage dans ses mains, et demeura pendant plus d’une heure dans une invincible prostration.