Page:Cadiot - Nouvelles.pdf/240

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De Mme de Martivy, qui faillit payer une faute de sa vie, et l’avait expiée de tout son bonheur.

De Sophie Rolland, son amie de pension aussi, qu’elle avait cessé de voir, parce que certaines apparences la compromettaient.

De Laure Aldini, son autre compagne, qui, au sortir de la pension, avait été jetée dans le monde, orpheline et pauvre, sans appui, sans conseils, avec l’habitude d’une vie aisée, le goût des arts, une beauté merveilleuse…, et qui passait au Bois richement parée…

Ah ! de quel mépris sanglant elle l’accablait, celle-là ! quand leurs voitures se croisaient…

Puis, elle se souvint encore de Victorine, son ancienne femme de chambre, chassée un soir sans pitié…

Toutes ces figures défilèrent devant sa mémoire, comme un cortège de fantômes. Il lui semblait qu’elles ricanaient et la montraient au doigt…

L’une disait : — « Voyez donc cette austère vertu ! et mesurez sa résistance à l’heure de la tentation ! »

Et l’autre : — « Où serait-elle descendue, si son père ne lui eût donné une dot ? »

« J’ai lutté deux ans, disait la première. — Moi, six mois, reprenait la seconde, et mon mari était jaloux et dur. — Moi, j’ai vécu irréprochable à côté d’un vieillard… — Et moi,