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sion de retraite à sa modique rente, et en tirant parti des fruits et des légumes de son jardin, elle pourrait joindre les deux bouts de l’année, et donna son consentement.

Ce fut une nouvelle dans le voisinage, et déjà on se demandait si Mlle de Maugreland, qui était maigre, sèche et ridée, se marierait en blanc, quand soudain elle ferma sa porte à son prétendu, en déclarant que, toutes réflexions faites, elle ne se marierait jamais.

Pourquoi ? On ne l’a jamais su. Le capitaine avait-il déplu ? Quelque mauvais renseignement était-il arrivé sur son compte ? Ce fut un problème insoluble pour les bonnes âmes du quartier.

Certainement, Mlle de Maugreland ne s’était pas éprise du capitaine. Mlle de Maugreland n’avait jamais paru faite pour les sentiments tendres, et, rien qu’à la voir, on eût parié qu’elle était femme à répondre à quiconque lui demanderait : « N’avez-vous jamais aimé ? — Jour de Dieu ! vous m’insultez ! » Mais quel qu’un au monde aurait-il pensé à lui faire une pareille question ?

Cependant, du jour de la rupture de son mariage data une nouvelle période de sa vie. Cette vie devint plus austère et plus solitaire encore. Mlle de Maugreland ne vit plus personne du tout, hormis le vieil abbé Le Garouiller.