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DEUXIÈME PARTIE




I


Dirai-je le voyage ? Montrerai-je Edmée choyée par le baron de la Chesnaie comme une enfant délicate et frêle, et honorée par le contre-amiral qui commandait le navire, comme l’épouse du représentant de la France dans une des plus importantes capitales de l’Amérique ?

Qui ne se représente dans quelle via différente entrait d’emblée l’enfant mutine qui venait de secouer le joug de madame de Clérac et qui, six mois auparavant, chaussée de brodequins de cuir, vêtue d’une blouse de percaline noire et les cheveux en broussailles, n’imaginait rien au delà d’une course folle et libre dans la campagne !

Depuis ces six mois, on lui avait montré le couvent à l’horizon de son avenir et, d’abord, quand cet horizon lui paraissait encore vague et lointain, elle éprouvait, en y pensant, plus de tristesse que de révolte. C’était une énorme maison carrée, derrière laquelle il y avait un grand jardin ; puis on était habillé de gris, ou de blanc, ou de noir, pour toute sa vie ; pas de