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la destinée les égarent à l’entour et les fassent passer à côté ; soit que l’ange implacable qui défendait l’entrée du paradis terrestre leur en ferme l’accès.

Et ces êtres privilégiés qui ont pu pénétrer dans l’asile enchanté ; qui se sont assis à l’ombre des arbres aux fruits de pourpre, aux fleurs de lumière… ceux-là ont-ils le temps de respirer les parfums, de savourer l’ambroisie ?

Je songeais aux soubresauts de ce pauvre cœur trop éprouvé… J’avais peur de l’avenir…

En passant par la Beaume, je rencontrai l’abbé Blanc, qui lisait son bréviaire, assis au soleil, dans le petit cimetière, près de la croix de granit brisée.

Apparemment qu’il pouvait alors interrompre sa lecture, car il m’adressa la parole.

Je lui fis part de mes réflexions : « Oui, lui dis-je, il existe, le bonheur sur la terre… mais peut-il durer ?

— Madame, s’il durait, me répondit le curé, qu’aurions-nous à faire du paradis ? »