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dessins de géomètres ; on ne peut douter de leur connaissance des sciences physiques en voyant les combinaisons habiles de leurs systèmes d’irrigation. Ils savaient la chimie : que l’on regarde leurs faïences ! et, d’ailleurs, c’est d’eux que nous sont revenues les premières notions de cette science par le canal troublé de l’alchimie.

Cependant les armées chrétiennes les ont écrasés. Encore une fois, que sont-ils devenus ? Sans doute on aura tué les chefs, refoulé les armées et réduit le peuple en esclavage ; car longtemps encore l’Espagne catholique a utilisé, pour sa splendeur, la civilisation more.

Et puis les populations se sont fondues. L’Inquisition a terrifié les fils de Mahomet et a baptisé les circoncis. Il y a encore en Espagne bien des Arabes qui s’ignorent. En Andalousie leur empreinte reste ineffaçable ; à Cordoue on croit les sentir encore protester contre les vainqueurs avec une sourde rage…



VI

SÉVILLE, LA CALLE SIERPES, LES PATIOS, LA CATHÉDRALE, DON JUAN ET L’HÔPITAL DE LA CARIDAD, LA MANUFACTURE DE TABAC, LA GIRALDA, LA SCUOLA DI BAILE, L’ALCAZAR, ETC


Pour aller de Tolède en Andalousie, bien que la route semble dans la même direction, il est sage de retourner à Madrid.

De là, en prenant l’express à 7 heures du soir, on peut être à Séville le lendemain vers 3 heures,

Autant Tolède est une ville morte, — et quel ossuaire qu’une ville morte espagnole ! — autant elle semble à la fois altière, revêche et désolée comme une duchesse douairière qui resterait, à soixante-dix ans, veuve, sans fortune et sans enfants ; — autant Séville est vivante et peuplée, riante et bruyante ; autant elle paraît aimable et accueillante, comme une fille qui se sait en même temps jolie et richement dotée.

Je m’étais logé rue Sierpes, hôtel de l’Europe, et bien