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Page:Cadou - Poèmes choisis (1944-1950), 1951.djvu/29

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L’IDIOT

Dans les profonds jardins des vieilles abbayes
Un soir que le soleil dans sa mélancolie
Ruisselle tristement parmi les tournesols
Ainsi que dans les tristes toiles de Van Gogh
Un soir de raisins mûrs de cloches balancées
À bout de bras comme un seau vide dans l’allée
On voit le long d’un mur encor chaud un vieil homme
Au visage d’enfant et pressant sur son cœur
Deux ou trois touffes de plantain souriant comme
Une épousée de dix-huit ans ou un noceur
Si limpide est son œil son sourire si grave
Qu’on l’aime d’un seul coup et qu’on oublie qu’il bave
Il est là avec sa main tremblante qui fait mal
Et sa pauvre coiffure de papier journal
On y lit « Réunion du Conseil des Ministres »
Et çà ajoute quelque chose de plus triste