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Page:Cadou - Poèmes choisis (1944-1950), 1951.djvu/35

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SANS SAVOIR QUE LA NUIT

Quand les soirs sont plus courts et que le ciel est comme
La calville qui est une espèce de pomme
Quand on est seul avec sa femme et qu’on entend
Dans la nuit les charrois bénévoles du temps
Attentif au fruit roux qui tombe, au moindre cri
Tiens Hélène ! voici la carriole d’Esprit
Dans la montée du Pont-aux-Moines qui ramène
Les bêtes et les puits qui ont brisé leur chaîne
Les chiens qui veilleront au pied de notre lit
Tout peut s’éteindre maintenant tu peux parler
Ô mon amour tu peux me dire que je suis
Coupable, me briser, tu peux me laisser là
Ô parfaite tu peux oser la lampe est basse
Les volets sont fermés chez les voisins d’en face
Et la carriole du boulanger est passée