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Page:Cadou - Poèmes choisis (1944-1950), 1951.djvu/56

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LE CHANT DE SOLITUDE

Laissez venir à moi tous les chevaux toutes les femmes et les bêtes bannies
Et que les graminées se poussent jusqu’à la margelle de mon établi
Je veux chanter la joie étonnamment lucide
D’un pays plat barricadé d’étranges pommiers à cidre
Voici que je dispose ma lyre comme une échelle à poules contre le ciel
Et que tous les paysans viennent voir ce miracle d’un homme qui grimpe après les voyelles
Étonnez-vous braves gens ! car celui qui compose ainsi avec la Fable
N’est pas loin de trouver place près du Divin dans une certaine Étable !
Et dites-vous le soir quand vous rentrez de la foire aux conscrits ou bien des noces
Que la lampe qui brûle à l’avant du pays très tard est comme la lanterne d’un carrosse