jurisprudence musulmane ; démontrer qu’ils se prêtent admirablement à l’établissement de nos institutions en Algérie, tout en maintenant la liberté et la pureté de la croyance ; — qu’avec leur aide, l’assimilation n’est plus un problème insoluble, mais une difficulté dont la solution est certaine, avec de la bonne volonté, dans un avenir peu éloigné ; — que l’application raisonnée de ces principes, sous l’empire desquels les Arabes ont atteint un haut degré de civilisation, peut les relever et les unir à nous par les liens de l’intérêt et de l’amitié, ce que les masses comprendront, si on le veut bien, malgré les intrigues des mécontents : tel a été le but de mes efforts.
Depuis vingt-cinq ans que j’habite l’Algérie, je me suis adonné, par goût, à l’étude de la langue arabe et du droit musulman. En arrivant à Alger, où j’ai été longtemps principal clerc de défenseur, j’ai commencé par apprendre l’arabe parlé, dans une fréquentation assidue des indigènes. Au cours du savant professeur, M. Bresnier, j’ai puisé les premières connaissances de la langue arabe littéraire. Avec des Tolbas, j’ai appris le droit musulman dans les manuscrits. Pendant de longues années, j’ai consacré à cette étude les premiers moments de chaque jour, et ce n’est qu’en vivant de privations, que j’ai pu faire face aux dépenses que m’imposait l’acquisition des livres nécessaires et des autres moyens de travail. Quelques connaissances que j’ai en droit français donnaient un attrait irrésistible à mes investigations dans le domaine du droit musulman. Bientôt, mes relations avec les savants arabes s’étaient étendues ; — je fréquentais les jurisconsultes les plus distingués, et j’essayais de leur arracher les secrets d’une science qu’ils s’efforcent de tenir cachée, et qui semble être restée encore pleine de mystères ; car, dans les rapports d’une intimité studieuse, l’homme se laisse ordinairement pénétrer à son insu ; — j’allais dans les prétoires des Cadis entendre les discussions judiciaires ; — avec des Tolbas, je revoyais dans les manuscrits les questions que j’avais entendu discuter la veille. — Pendant le cours de mes travaux, plusieurs magistrats et fonctionnaires français, dont j’ai l’honneur d’être connu, m’ont invité plus d’une fois à publier quelque chose. J’ai toujours objecté la difficulté que