est devenu. Tout était un rythme et un rite et une cérémonie
depuis le petit lever. Tout était un événement ;
sacré. Tout était une tradition, un enseignement, tout
était légué, tout était la plus sainte habitude. Tout était
une élévation, intérieure, et une prière, toute la journée,
le sommeil et la veille, le travail et le peu de repos, le
lit et la table, la soupe et le bœuf, la maison et le
jardin, la porte et la rue, la cour et le pas de porte, et
les assiettes sur la table.
Ils disaient en riant, et pour embêter les curés, que travailler c’est prier, et ils ne croyaient pas si bien dire.
Tant leur travail était une prière. Et l’atelier était un oratoire.
Tout était le long événement d’un beau rite. Ils eussent été bien surpris, ces ouvriers, et quel eût été, non pas même leur dégoût, leur incrédulité, comme ils auraient cru que l’on blaguait, si on leur avait dit que quelques années plus tard, dans les chantiers, les ouvriers, — les compagnons, — se proposeraient officiellement d’en faire le moins possible ; et qu’ils considéreraient ça comme une grande victoire. Une telle idée pour eux, en supposant qu’ils la pussent concevoir, c’eût été porter une atteinte directe à eux-mêmes, à leur être, ç’aurait été douter de leur capacité, puisque ç’aurait été supposer qu’ils ne rendraient pas tant qu’ils pouvaient. C’est comme de supposer d’un soldat qu’il ne sera pas victorieux.
Eux aussi ils vivaient dans une victoire perpétuelle, mais quelle autre victoire. Quelle même et quelle autre. Une victoire de toutes les heures du jour dans tous les jours de la vie. Un honneur égal à n’importe quel